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locataires. c’était, pour moi, un endroit magique, là où j’allais y engranger de nombreux souvenirs. j’entrais, dès mon arrivée, dans l’ambiance familiale. des voix hautes s’en mêlaient, des cris et des rires. je rencontrais mes cousines et cousins, tous biens plus grands que moi. ils me prenaient comme on le ferait d’une mascotte, me bichonnant, me couvrant de précaution, m’entrainant avec eux dans leurs travaux, loisirs et évasions. ainsi, le soir je suivais mes cousines qui retrouvaient leurs copines, assis sur l’un des bancs de pierre de l’église, à l’ombre des muriers. elles parlaient sans méfiance avec cet accent qui me berce encore les oreilles, riant à voix basse. moi je ne comprenais pas mais j’aimais mettre des notes sur les sons, c’était des moments agréables. parfois nous regardions les étoiles dans le ciel qui apparaissaient, elles me montraient la première, celle du bon dieu censée nous indiquer le nord « guarda la stella di cristo! ». oui, elles étaient belles mes cousines et en plus très convoitées. je servais de protection pour éloigner les dragueurs impénitents qui ne manquaient pas. je me souviens des glaces que m’offrait l’une d’elle, 20 lires soit 10 centimes de l’époque en france. elle s’était dotée de cette somme par sa mère, pas un sou de plus, je ne me rendais pas compte à quel point c’était important pour eux, mais je n’étais qu’un enfant… nous allions nous baigner à" l’adda", une rivière tumultueuse et dangereuse, mais en prenant un petit chemin à l’ombre des arbres nous débouchions sur une petite crique sans danger. parfois il y avait des femmes qui y lavaient leur linge, j’avais droit à des sourires et des mots gentils « che bel bambino » ou « lui è adorabile », ce que je ne comprenais pas vraiment mais que je savais plutôt flatteur. là nous nous baignions dans une eau claire et fraiche. c’est ici que je me débattais dans l’eau sous la vigilance de mon père. un autre souvenir, celui de sa traversée par le "bac", une barque accrochée à un filin qui nous conduisait sur la rive d’en face au "grand paradiso" une maison avec une terrasse en bois où nous mangions de la friture à l’ombre des arbres. l’église, la belle église de saint lorenzo où mon cousin m’emmenait pour l’écouter "jouer des cloches". nous montions au clocher et attendions notre tour. au loin un autre village jouait un air charmant, inventé par son auteur, puis quand il eut fini ce fut notre tour. je regardais les poings de mon cousin taper sur les maillets de bois qui sonnaient les cloches, j’étais émerveillé par la musique qu’il réalisait. a la fin du mois celui qui avait le plus enchanté la population avait gagné. l’italie c’était ça. je me souviens de mon père qui allait à la vigne. il était assis à l’ombre d’une treille pour discuter avec un de mes oncles, il pouvait y rester une heure, sans comprendre la langue, ils se parlaient. moi, je montais sur le toit de la petite maison, m’y allongeait et là, je n’avais qu’à prendre les grappes pour me régaler de ce fruit sucré. il y avait la fête du village avec des lampions, des vrais, contenant une bougie, qui éclairaient les rues. un orchestre jouait, les gens dansaient, buvaient, l’humeur y était bonne et festive. je me souviens que la place était toute petite avec une fontaine d’eau glacée et claire, là ou les filles et garçons se retrouvaient parfois le soir sous la surveillance des fenêtres du village. je pourrais en parler encore des heures, des lacs italiens ou des villages de montagnes, des repas de famille, des champs de maïs, je pourrais en écrire des pages et des pages, c’est ça mon souvenir d’italie. daniel blanchard - porthos votre commentaire écrits intimes : la route des vacances par editions le 24 juillet 2018 à 19:58 la route des vacances ah, les souvenirs de nos vacances en italie, que d’images, d’odeurs ou de mots entendus. nous étions dans les années 50, il n’y avait pas l’autoroute en ce temps-là. nous prenions, à l’aube naissante, la route, passions par la porte d’orléans et poussions directement vers la province. la province n’était pas qu’une expression, c’était un dépaysement garanti avec différents patois ou recettes de cuisines. nous étions dépaysé à 50 kms de paris, la ville s’éloignait derrière nous avant sa longue banlieue pour nous laisser seuls dans la campagne. dans la voiture, au début, j’étais dans un hamac, une mode de l’époque franchement déconseillée de nos jours par la sécurité routière, puis sur des couvertures à l’arrière avec un coussin, ça changeait. il y avait bien des choses différentes en ce temps-là, la route mais également la douane, un véritable cauchemar à passer. parfois il fallait attendre plusieurs heures quand la voiture n’était pas vidée littéralement pour la fouiller. de plus, impossible de sortir quoi que ce soit de notre pays sans facture, c’est ainsi que mon père s’est rendu compte qu’il n’avait pas celle de sa caméra une fois arrivé au poste de douane. je crois, alors, avoir eu une idée de génie, j’ai proposé de la mettre sous mon oreiller, mes parents hésitaient mais ont fini par accepter et ça a marché. le douanier s’est penché par ma fenêtre, ma mère a demandé s’il fallait me réveiller et le brave homme a répondu par la négative. pour nous français c’était vraiment l’aventure. nos routes étaient assez vieilles, il faut bien le dire, elles étaient à deux voies et bordées de platanes quant aux stations-services elles étaient rares, généralement des commerçant tenaient une ou deux pompes, restaurants ou cafés. elles se dressaient avec leur tête en verre qu’il fallait remplir en actionnant une manivelle. il y avait bien d’autres curiosités comme l’absence de pompes dans certaines fermes du bord de la route où il était écrit en gros "essence", il fallait klaxonner pour qu’une femme sorte avec un jerricane. je n’invente rien, c’était comme ça. la route, outre ce charme, c’était la multitude de restaurants où nous pouvions nous reposer, nous allions aux toilettes pendant que papa, grand capitaine de l
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